La profusion des illustrations botaniques et aujourd’hui photographiques témoigne de l’immense intérêt que nous portons sur le monde vivant ou disparu. L’histoire de la représentation naturaliste commence dès le Renaissance : les artistes s’en emparent avant même les savants, et témoignent d’une vision réaliste des plantes loin des anciens traités de l’Antiquité ou du Moyen Age. On observe, on dessine ce que l’on voit, on se libère des copies anciennes et des symboles : voir les illustrations de Dürer ou bien l’ouvrage de Jérôme Bock, « Nouveau livre sur les plantes » datant de 1539, première référence d’ouvrage botanique.
D’autres facteurs vont participer à l’essor des illustrations de la nature : la création de jardins botaniques en Europe, les premiers grands voyages d’exploration à travers le monde qui rapportent des herbiers de plantes séchées et des illustrations réalistes, l’essor de l’imprimerie qui donne le dernier coup de pouce à la diffusion de la connaissance botanique comme de sa représentation, les premières tentatives de classification des végétaux. Tout cela conduit à ce que la botanique devienne une science d’observation.
Dans ce long processus de représentation botanique, le XVIIIe siècle des Lumières est sans doute le siècle qui va faire le plus pour la vogue de la botanique. Et l’une des figures les plus représentatives de ce temps, Jean-Jacques Rousseau, qui n’est pas toujours inspiré par un esprit scientifique rigoureux, va mettre l’herborisation à la mode et à la portée de tous. Ainsi le XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle sont considérés comme l’âge d’or de l’illustration botanique : scientifiques, mécènes, amateurs de plantes rares commandent des dessins de leurs collections.